S'affirmer sans s'imposer

 Comment faire valoir son point de vue sans écraser les autres ?

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Dans son couple, au travail, avec ses amis, dans les interactions sociales qui rythment notre journée, certains ne parviennent pas à s’affirmer au quotidien. Peur d’être mal perçu, mal vu, mal jugé, peur de ne pas être aimé, peur du ridicule…

Alors comment s’affirmer ? Et surtout, comme cultiver l’affirmation de soi sans s’imposer, sans écraser les autres et sans s’écraser soi-même ?
Comment exprimer ses besoins, affirmer ses droits, ses désirs dans le respect d’autrui, et sans faire preuve d’agressivité ?
Un équilibre pas toujours évident à trouver…

Nos experts partagent ce matin leurs conseils et leurs expériences.

L'affirmation de soi, une question d'équilibre

Pour s'affirmer, il y a deux comportements à éviter qui constituent deux écueils, selon Frédéric Fanget, médecin psychiatre et psychothérapeute : le fait de s'écraser ou d'avoir un comportement inhibé ou passif et le fait de s'affirmer trop fort, agressivement. L'affirmation de soi, par définition, c'est vraiment la recherche d'un équilibre relationnel où on va exprimer ses désirs, ses droits, ses besoins, mais en respectant l'autre. Sa formule, c'est 50/50 : je suis aussi important que l'autre et l'autre est tout aussi important que moi.

Selon Afaf Soumri, formatrice et consultante : "L'assertivité, c'est cette capacité à pouvoir s'affirmer en tenant compte de l'autre. C'est amener l'autre à nous respecter tout en respectant l'autre. Faire en sorte de faire passer ses idées, valoir ses droits, mais tenir compte aussi des droits de l'autre, de ses idées aussi, sans jamais l'écraser, sans jamais être agressif."

Comme le dit Christophe André, il ne faut ni être un paillasson, ni un hérisson. Il précise sa pensée : "La question des droits est importante. Quels droits je m'accorde ? Est-ce que je me donne le droit de contrarier, de déranger et de refuser ? Quel droit j'accorde à l'autre ? Vous parliez de l'époque narcissique, mais le narcissisme, c'est tout pour moi, rien pour les autres. Et donc c'est vraiment un art de l'équilibre, l'art de l'affirmation de soi."

Pourquoi c'est difficile ?

Ce qui empêche de s'affirmer, c'est la peur de blesser l'autre, la peur de déclencher le conflit, la peur de se ridiculiser, la peur de se révéler sous son vrai jour et la peur d'être jugé. L'on peut aussi avoir peur de déplaire. C'est tout un ensemble de peurs qui inhibent cette affirmation de soi.

Cela est plus difficile dans certains cadres que dans d'autres. Par exemple, en entreprise, beaucoup de personnes craignent de perdre leur emploi, donc elles préfèrent s'écraser et être passives.

Quelques conseils

  • Donner à l'autre la possibilité de dire non

Si on ne laisse pas à l'autre la possibilité de refuser une demande, on passe à l'agressivité.

  • Ne pas avoir un comportement passif

C'est-à-dire faire systématiquement passer les autres avant nous.

  • Avoir un préjugé positif sur la personne à qui on s'adresse

Dans le cas où quelqu'un double une file ou téléphone bruyammant, ne pas juger la personne. Frédéric Fanget explique : "Si j'ai un préjugé négatif, si ma pensée c'est : il le fait exprès, il est gonflé, il est sans gêne. J'ai ce qu'on appelle des pensées externes négatives qui vont générer de la colère chez moi." On ne remet pas en cause la personne mais son comportement.

  • Exprimer son ressenti à la première personne du singulier

Dans une situation de conflit ou de tension, utiliser le "tu" peut mettre en cause la personne et tuer une discussion.

  • Apprendre à dire non sans agressivité

Savoir dire non calmement est important.

  • Ne pas craindre le conflit

Le conflit, très appréhendé, peut en fait être quelque chose de positif parce que c'est ce qui permet de faire avancer les choses.

Un Podcast de l'émission Grand bien vous fasse - France Inter