Bien-être et sa santé au travail

Comment les améliorer ?

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Bien-être, santé, travail, burn-out, risques psychosociaux, troubles musculo-squelettiques, stress, médecine du travail... comment préserver sa santé et son bien-être au travail ?

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Semaine spéciale sur France Inter, Les retraites, parlons-en ! Quelle réforme, quelle place pour le travail, quelle société pour demain ?

Et ce matin, comment préserver sa santé et son bien-être au travail, alors que le gouvernement souhaite allonger l’âge légal du départ à la retraite et que certains seront contraints de continuer à travailler alors qu’ils ont connu des carrières pénibles, des conditions d’emploi stressantes, le corps et l’esprit usés (même si, rappelons-le, le travail est aussi une source de réalisation de soi).

Coup de projecteur sur la santé au travail. Comment la préserver, comment ne pas se tuer à la tâche à petit feu, quels sont les signes avant-coureurs de l’épuisement professionnel, du burn-out ? Comment prévenir, et soigner, les troubles musculo-squelettiques ? On s’intéressera aussi aux risques psycho-sociaux : comment lutter contre le stress chronique et les risques de burn-out, alors que plusieurs enquêtes et sondages montrent une dégradation de la santé mentale au travail.

Et puis nous nous demanderons où en est la médecine du travail en 2023 ? Quel est son rôle précis dans la prévention et quels sont ses moyens matériels ?

La médecine du travail, un secteur qui souffre de beaucoup d’a priori

Pour Clément Duret, la médecine du travail souffre de beaucoup d’a priori négatifs : « Dans le corps médical et chez les étudiants, c’est souvent considéré comme une médecine de bas niveau, bonne pour les personnes qui n'arriveraient pas à faire mieux. Des préjugés construits sur l'historique de la profession : elle a été pensée dans les années 1940 pour des médecins parfois en fin de carrière. Elle permettait à des pneumologues, des médecins généralistes, d'aller exercer dans des usines, des mines, avec une vraie fonction de prévention et d'accompagnement de la santé des ouvriers. Pour autant, c'est une spécialité très importante, et très intéressante, car c’est le seul médecin qui est dans l'entreprise, au cœur du monde du travail, alors que le corpus médical est beaucoup plus centré dans le cabinet ou à l'hôpital. Personnellement, ça me permet de relier mes centres d'intérêts comme la santé psychique, et tout ce monde social du travail.»

Quelles sont les principales missions de la médecine du travail ?

Le premier rôle est la prévention, en conseillant l'employeur ou les salariés sur les comportements au travail à adopter pour prévenir l'apparition de certaines maladies. Par exemple, les risques chimiques : comment substituer un produit chimique cancérigène pour un produit moins dangereux ? L’autre point, est d'adapter et de suivre médicalement les salariés et essayer au mieux d'adapter leur travail à leur propre condition physique.

Quelles sont les maladies professionnelles reconnues ?

Qu'est-ce qu'une maladie professionnelle et quelles sont les principales pathologies reconnues comme maladie professionnelle ? C’est la sécurité sociale qui fixe la reconnaissance des maladies professionnelles, qui permet d’ouvrir le droit à des indemnisations particulières. L’une des principales, ce sont les TMS, les troubles musculo-squelettiques : maladies de l'épaule, du coude, du poignet, du dos ou des genoux. Elles sont liées à des métiers  physiquement pénibles et exposés à des gestes répétitifs ou à des manutentions de charges lourdes.

Ensuite, on retrouve parmi les maladies professionnelles, celles liées à l'amiante, les autres affections, dont les cancers et toutes les pathologies comme la surdité, les allergies, l'asthme et l'eczéma, sans oublier, évidemment, les risques psychosociaux.

Les risques psychosociaux au travail

Pour Clément Duret, les salariés consultent plus facilement quand il s’agit de risques psychosociaux : « Par contre, les liens ne sont pas forcément faits au bon endroit, c'est-à-dire qu'on ne va pas forcément analyser le paramètre qui est le principal responsable de l'altération de la santé. Pour le médecin Clément Duret, un tabou est en train de se lever à propos de la santé mentale au travail : « Depuis, la crise sanitaire, on a l’impression que l’omerta se lève. C’est souvent compliqué pour les salariés d’aller consulter sur ces sujets-là. Il y a une image sociale autour de la santé mentale. On a beaucoup de patients qui arrivent chez nous avec des troubles anxieux ou une dépression. On les accompagne et on les aide à améliorer la peur également, car beaucoup craignent d’être discriminé ou placardisé. »

Le télétravail

« Le télétravail peut avoir des bénéfices comme des impacts négatifs, notamment en termes d'isolement puisque le travail, c'est une œuvre collective. Ce qui est surprenant, c’est que vous êtes amené à passer la moitié de votre vie à fabriquer quelque chose avec des gens que vous n'avez pas choisi. Ce qui est très étonnant, c'est qu'on a des collègues avec lesquels on peut avoir une affinité professionnelle très forte, mais avec qui on ne passerait pas un week-end ensemble. Et à l'inverse, on a des amis avec qui on travaillerait pas, ne serait-ce que 30 minutes. »

La perte de sens au travail

Depuis la crise du Covid, on a assiste également une perte de sens qui affecte l'envie de travailler, avec parfois des risques d'épisodes dépressifs : « La période de Covid a réinterrogé tout le monde sur le sens de sa vie, des priorités et notamment le sens au travail. Ces questions-là qui font partie des risques psychosociaux. » La question d'allonger l'âge légal du départ à la retraite joue également en lien avec cette perte de sens.

Une visite médicale avant le départ en retraite ?

Dans cette émission, Clément Duret, médecin du travail, évoque une visite médicale de fin de carrière : « Elle avait pour but de prévenir et de dépister des cancers professionnels. Elle n’était pas systématique, ce qui est poussé a priori par la réforme des retraites en cours qui la rendrait obligatoire pour tous les salariés afin d'évaluer leurs capacités, physiques ou psychiques à continuer de travailler. On sait que l'espérance de vie en bonne santé en fin de carrière est très dépendante à la fois du secteur d'activité, du type de métier exercé et puis de la santé personnelle qui, elle, n'est pas forcément liée au travail. »

Pour Adrian Chaboche, médecin généraliste en cabinet de médecine préventive, l’entreprise doit être le lieu où la santé doit être prise en compte avant la maladie : « L’aspect préventif est indispensable puisque en amont du développement des maladies, on peut agir avec des solutions concrètes. Actuellement, on mène une étude pilote tout à fait intéressante avec un organisme émanant de la Ligue contre le cancer, Cap Santé Entreprises qui se met en contact avec des entreprises pour pouvoir leur proposer des pass prévention santé. Les salariés vont ainsi avoir accès à un ensemble de praticiens de santé, mais aussi du bien-être comme de l’hypnose, de la sophrologie, du shiatsu. »

Les TSM, première cause des maladies professionnelles

Les troubles musculo squelettiques sont la première cause de maladies professionnelles, c'est près de 90 % des maladies professionnelles et un tiers des arrêts de travail. Ces chiffres sont sans doute en deçà de la réalité, car beaucoup de ces troubles ne sont pas déclarés par manque d'information. Que faut-il faire si on est atteint d’un TSM ? Pour Sylvain Rossignol, expert en santé et sécurité au travail : « Le premier interlocuteur, c'est le médecin du travail qui va pouvoir faire le point médical, établir les liens avec le milieu professionnel, de certaines tâches. En général, on anticipe quelles vont être les évolutions de la maladie, et quelles doivent être les actions vis à vis du milieu de travail. Ça peut être un aménagement temporaire. On peut, par exemple, demander à l'employeur de vous dispenser de telle ou telle tâche. On va vous réorienter sur d'autres tâches, ou ça peut être un arrêt de travail temporaire. »